La politique monétaire, kezaco ?

La Banque de France a récemment mis en ligne un kit pédagogique pour expliquer en quoi consiste l’action des banques centrales.

Si le terme est souvent utilisé dans les médias, sa signification échappe à la plupart des Français. Pourtant, la politique monétaire constitue l’une des plus importantes composantes de l’économie, qui impacte directement le quotidien de nos compatriotes. C’est pourquoi la Banque de France (BDF) a décidé d’expliquer cette notion essentielle en diffusant, le 23 avril 2025, un kit pédagogique sur son site Internet.

Comme souvent, le kit proposé par la BDF est constitué d’une fiche didactique de trois pages, de deux infographies et d’une vidéo de trois minutes. L’internaute peut ainsi, en peu de temps, comprendre assez précisément en quoi consiste la politique monétaire. Cette dernière représente le troisième pilier de la politique macroéconomique aux côtés de la politique budgétaire et fiscale et de la politique structurelle (les mesures instaurées pour favoriser la croissance) qui sont, toutes les deux, du ressort du gouvernement.

Une prérogative de la BCE dans la zone euro

La politique monétaire relève, elle, des banques centrales. Dans la zone euro – les 20 États membres de l’Union européenne (sur les 27) qui ont adopté la devise européenne comme leur monnaie -, elle est conduite par la Banque centrale européenne (BCE). Concrètement, la politique monétaire menée par une banque centrale vise à assurer la stabilité monétaire et financière en vue de soutenir la prospérité de son pays ou de son espace économique, comme la zone euro.

La mission principale de la BCE est de maintenir la hausse des prix à la consommation autour de 2%. « En effet, la bonne santé d’une économie se traduit notamment par un taux d’inflation maîtrisé : les prix augmentent un peu, mais pas trop, de manière prévisible. Cela permet, par exemple, aux entreprises d’anticiper leurs coûts futurs, donc d’investir, de créer des emplois, ce qui dynamise la demande de biens et de services, et donc la croissance », explique la Banque de France.

Le levier des taux directeurs

Pour atteindre la cible de 2% d’inflation, la BCE peut faire évoluer à la hausse ou à la baisse ses taux directeurs. Il s’agit des taux d’intérêt auxquels l’institution monétaire prête aux banques commerciales qui veulent des liquidités et que ces dernières répercutent sur les crédits qu’elles octroient elles-mêmes aux ménages et aux entreprises.

En cas de forte inflation, comme ce fut le cas après la sortie de la crise du Covid et la flambée des prix de l’énergie engendrée par la guerre en Ukraine, la BCE augmente ses taux, ce qui renchérit le coût du crédit. Les particuliers et les entreprises ayant moins accès aux emprunts, ils réduisent leurs achats et leurs investissements. Cette baisse de la demande finit par peser sur les prix.

A contrario, en cas d’inflation atone, voire négative (déflation), la BCE abaisse ses taux directeurs. Avec des crédits bon marché, les ménages sont alors incités à dépenser et les entreprises à investir. La demande de biens et de services s’en trouve dopée, ce qui tire les prix vers le haut.

Politique conventionnelle et non conventionnelle

Le levier des taux directeurs constitue le cœur de la politique monétaire dite « conventionnelle » de la BCE. Depuis la grande crise financière de 2008, l’institut de Francfort a également développé une politique monétaire « non conventionnelle » (ou « accommodante ») pour relancer l’activité économique en zone euro.

Cette politique non conventionnelle regroupe une panoplie de mesures, dont la mise en place de taux directeurs négatifs, l’annonce à l’avance des orientations des futures décisions de la BCE, l’accès facilité des banques commerciales aux liquidités ou encore l’achat massif de titres émis par les établissements bancaires. La politique accommodante de la BCE a pris fin en juillet 2022, date du relèvement de ses taux directeurs (du jamais vu depuis 2011).

 

Source : https://www.banque-france.fr/fr/publications-et-statistiques/publications/quest-ce-que-la-politique-monetaire