Comprendre la finance solidaire

Dans une fiche récemment diffusée, la Banque de France explique le fonctionnement de la finance solidaire, une des composantes de la finance durable.

Si la finance durable commence à être connue, ce n’est pas le cas de la finance solidaire. C’est pour pallier ce déficit de notoriété que la Banque de France (BDF) a publié, le 28 avril 2025, une fiche d’information sur le sujet sur son site Internet. La finance solidaire vise « à faciliter le financement de projets destinés à lutter contre l’exclusion et à améliorer la cohésion sociale », résume la BDF.

Plus précisément, elle permet de soutenir des projets ou des investissements qui ne trouveraient pas de financement dans les circuits financiers classiques car insuffisamment rentables, tels que l’accès à l’emploi et au logement pour les personnes en difficulté ou l’entrepreneuriat dans les pays en développement. En définitive, la finance solidaire est, en quelque sorte, la composante sociale de la finance durable, qui prend également en compte le volet environnemental et de bonne gouvernance (les fameux critères ESG).

Un pan entier de l’économie

Pour autant, la finance solidaire n’a rien d’anecdotique. Comme le rappelle la Banque de France, elle sert à financer une multitude d’associations, de fondations, de coopératives et de mutuelles dans l’Hexagone. Ces structures, qui constituent ce que l’on appelle l’économie sociale et solidaire (ESS), génèrent 10% du produit intérieur brut (PIB) du pays et représentent 14% de l’emploi dans le secteur privé (2,7 millions de salariés), souligne la BDF.

La Banque de France explique qu’il est possible d’investir directement ou indirectement dans la finance solidaire. Dans le premier cas, le particulier peut effectuer un don à une entreprise solidaire, prendre une participation à son capital (parts sociales, actions, titres participatifs) ou lui prêter de l’argent. Le prêt peut prendre la forme d’un microcrédit ou d’un prêt solidaire. Ce dernier passe le plus souvent par une plateforme de crowdfunding (financement participatif).

Une épargne largement minoritaire

Mais dans la majorité des cas, le particulier investit indirectement dans la finance solidaire. Il a alors le choix entre l’épargne de partage et l’investissement solidaire. Pour l’épargne de partage, il s’agit essentiellement de livrets d’épargne, dont les intérêts sont totalement ou partiellement versés à une ou des associations, tandis qu’avec les fonds d’investissement solidaire, tout ou partie des sommes versées sont investies dans des entreprises solidaires.

Ces derniers fonds sont proposés dans le cadre de l’épargne salariale, via les plans d’épargne entreprise (PEE), les plans d’épargne pour la retraite collectifs (Perco) et les plans d’épargne retraite d’entreprise collectifs (PERCO). Ils peuvent également être logés dans une unité de compte (UC), elle-même intégrée dans un contrat d’assurance vie ou un plan d’épargne retraite (PER).

Depuis le 1er janvier 2022, les assureurs doivent proposer au moins une UC labellisée Finansol (finance solidaire) dans le cadre de leurs contrats d’assurance vie multisupports. Selon le dernier baromètre publié le 19 juin 2024 par l’association FAIR (Financer, Accompagner, Impacter, Rassembler), qui délivre le label Finansol, l’encours de la finance solidaire a progressé de 15% en 2023 pour atteindre 30 milliards d’euros. Les montants placés ont généré 680 millions d’euros de financement solidaire qui ont permis de soutenir 1.470 projets à impact social ou écologique, dont 2.100 nouvelles personnes relogées, 16.000 emplois crées ou consolidés et 2.600 hectares d’agriculture biologique. Toutefois, de l’aveu même de FAIR, la finance solidaire représente à peine 0,5% de l’épargne financière des ménages français…

 

Sources : https://www.banque-france.fr/fr/publications-et-statistiques/publications/finance-solidaire ; https://www.finance-fair.org/sites/default/files/2024-06/Baromètre%20de%20la%20Finance%20solidaire%20%20FAIR%20-%20La%20Croix%202024_0.pdf