L’épargne de précaution des femmes
Les femmes assument en grande majorité le budget quotidien du ménage et les frais d’éducation des enfants. Elles ont tout intérêt à se constituer une épargne de précaution. Ce terme désigne un matelas financier, destiné à faire face à des dépenses imprévues, comme une réparation automobile ou le changement du lave-linge. Cette somme de secours évite de devoir être à découvert et de payer de coûteux agios bancaires, ou de contracter un crédit à la consommation dont le taux d’intérêt est généralement élevé.
Cette épargne doit être sécurisée, puisqu’il faut pouvoir compter dessus si besoin. Elle doit également être « liquide », c’est-à-dire que l’épargnante doit pouvoir y effectuer des versements et des retraits à tout moment et du montant de son choix. Le Livret A répond parfaitement à ces critères. Le capital (le cumul des versements) de ce livret réglementé est garanti par l’État. Les intérêts annuels sont définitivement acquis (« effet cliquet »).
L’épargnante peut verser et retirer de l’argent en quelques clics et sans frais. Cerise sur le gâteau : les intérêts sont exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux (CSG, CRDS, prélèvement de solidarité). Le Livret A présente, toutefois, trois inconvénients. Primo, il est possible de n’en posséder qu’un seul. Deuxio, les versements cumulés ne peuvent excéder 22 950 euros. Tertio, la rémunération du Livret A est faible et ne permet pas toujours de compenser l’inflation (la hausse des prix).
C’est pourquoi le Livret A peut-être complété de ce que l’on appelle un fonds en euros. Ce support peut être logé seul dans un contrat d’assurance vie monosupport ou intégré, à côté d’une ou de plusieurs unités de compte (UC), au sein d’un contrat d’assurance vie multisupports.
Comme le Livret A, le fonds en euros est sécurisé (le capital est, cette fois-ci, garanti par l’assureur) et les intérêts annuels sont définitivement acquis. Les versements et retraits (appelés « rachats ») sont également possibles à tout moment. Il est possible de souscrire autant de contrats d’assurance vie que l’on veut et ils ne sont pas plafonnés.
Les prélèvements sociaux sont prélevés « au fil de l’eau » (chaque année) et les intérêts issus des rachats sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30 %. Toutefois, si le contrat a été ouvert depuis plus de huit ans, les 4600 premiers euros d’intérêts perçus par an si la souscriptrice est célibataire ou les 9200 premiers euros par an si elle est mariée ou pacsée sont exonérés d’impôts.
L’épargne d’investissement des femmes
Une fois l’épargne de précaution constituée (représentant, au maximum, trois à six mois de ses revenus), il est possible de se lancer dans l’épargne d’investissement. Ces placements visent à réaliser des projets sur le moyen ou long terme, comme l’achat de la résidence principale, le financement des études supérieures des enfants ou la constitution d’un complément de revenu pour la retraite.
L’horizon d’investissement étant lointain, voire très lointain dans le cas de la préparation à la retraite, les produits financiers ont moins besoin d’être « liquides ». Ils peuvent se permettre d’être plus risqués, puisque les éventuelles moins-values peuvent être compensées dans le temps par les éventuelles plus-values futures. Cette prise de risque permet d’espérer un rendement plus élevé. En effet, plus un actif présente un risque de perte, et plus il est potentiellement performant.
Les principales enveloppes d’épargne de long terme sont le compte-titres ordinaire (CTO), le plan d’épargne en actions (PEA), les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) et le contrat d’assurance-vie multisupports. Le CTO est un portefeuille dans lequel l’épargnante peut loger tous types d’actifs (actions, obligations, SCPI…), mais il ne propose aucun avantage fiscal.
Le PEA offre une exonération fiscale des plus-values au-delà de cinq ans de détention, mais il est plafonné : 150 000 euros pour un PEA classique, 225 000 euros pour un PEA-PME. Il ne peut être investi qu’en actions françaises et/ou européennes. Les SCPI permettent d’investir, à moindre coût, dans l’immobilier professionnel (bureaux, commerces, entrepôts…), mais ces fonds immobiliers non cotés sont souvent bloqués huit à dix ans.
Le contrat d’assurance vie multisupports constitue une bonne solution alternative, puisqu’il n’est pas plafonné, pas bloqué, permet d’investir dans une large palette d’actifs, tout en bénéficiant d’un avantage fiscal au-delà de huit ans de détention.
Les UC peuvent, en effet, être investies dans des fonds actions (constitués de titres d’entreprises cotées), des fonds obligataires (des obligations), des fonds monétaires (des bons aux Trésor), des fonds immobiliers (SCPI, OPCI, SCI) ou encore des fonds de « private equity » (titres d’entreprises non cotées). Et comme pour le fonds en euros, les plus-values issues des rachats sont perçues en franchise d’impôt à hauteur de 4600 euros (pour les célibataires) ou de 9200 euros (pour les femmes mariées ou pacsées) par an.
L’épargne retraite des femmes
Comme vu précédemment dans ce dossier, les femmes perçoivent des retraites inférieures, en moyenne, de 40 % à celles des hommes. D’où l’importance pour elles de se générer un revenu qui viendra utilement compléter leurs pensions une fois qu’elles auront quitté la vie professionnelle. Deux placements permettent d’atteindre tout particulièrement cet objectif : l’assurance vie et le plan d’épargne retraite (PER).
Au moment du départ à la retraite, la souscriptrice d’un contrat d’assurance vie peut mettre en place des rachats programmés. Elle pourra ainsi percevoir une fraction de son capital à intervalles réguliers. Elle peut aussi opter pour une sortie en rente viagère. Cette prestation est calculée notamment en fonction de l’épargne capitalisée sur le contrat et de l’espérance de vie de la souscriptrice et servie régulièrement (tous les mois, trimestres, semestres ou une fois par an) « à vie », c’est-à-dire jusqu’à son décès.
Comme son nom l’indique, le PER est, lui, spécifiquement conçu pour la préparation à la retraite. Il peut être dénoué en capital (une somme d’argent versée en une ou plusieurs fois), en rente viagère, ou, à la fois en capital et en rente. Les fonds sont bloqués jusqu’au départ à la retraite, sauf pour l’achat ou la construction de la résidence principale ou en cas d’accident de la vie (décès du conjoint, invalidité, surendettement, fin des allocations chômage, cessation d’activité non salariée à la suite d’une faillite).
C’est pourquoi il est recommandé de l détenir en complément un placement liquide afin de pouvoir faire face à des dépenses imprévues. En contrepartie du blocage des fonds, les versements volontaires sur le plan peuvent être déduits du revenu imposable, à hauteur de 10 % des revenus professionnels et dans la limite d’un plafond qui excède 40 000 euros.
Compte tenu de l’important avantage fiscal « à l’entrée » du PER et de la liquidité de l’assurance vie, les deux placements sont plus complémentaires que concurrents. Pour une femme imposée à 30 %, 41 % ou 45 %, il peut être judicieux de souscrire à la fois un contrat d’assurance vie et un PER.