« Money, Money, Money » De ABBA ou encore « La thune » d’Angèle, nombreuses sont les chansons qui, peu importe notre génération, parlent d’argent. Pourtant, dans la vraie vie, c’est une toute autre histoire. En France, parler d’argent reste tabou, encore plus lorsqu’il s’agit des femmes. Bref, le fric c’est (loin d’être) chic ! Gagner de l’argent, en revendiquer plus, savoir le gérer et le faire fructifier… Autant de sujets qui sont trop souvent mis de côté, par peur d’être jugée ou par manque d’éducation financière. Pourtant, la relation à l’argent ne se résume pas à un simple chiffre sur un compte. Elle façonne notre confiance en nous, notre indépendance et notre capacité à atteindre nos objectifs.
Et moi, dans tout ça ? J’ai toujours voulu gagner de l’argent. Mais entre vouloir et oser, il y a un monde. Mon mari le résume bien : “Melody, tu sais faire de l’argent, mais tu ne sais pas en gagner.” Autrement dit, je savais créer de la valeur, mais au moment de facturer, il manquait toujours quelques zéros sur la note…
Mon rapport à l’argent a commencé, comme pour beaucoup, avec l’argent de poche.
Mais savez-vous que les inégalités, ça commence tôt, dès le berceau, enfin presque. Selon une enquête publiée par la néo-banque Pixpay, les filles touchent en moyenne 4 € d’argent de poche mensuel en moins que les garçons.
Si la différence peut paraître a priori minime, elle est tout de même de 48 € sur une année complète. Pire encore, l’écart se creuse avec l’âge pour atteindre 4,60 € mensuels chez les 14-16 ans, et 10,23 € chez les 16-18 ans. Des inégalités réelles et grandissantes pour les jeunes filles qui deviennent femmes.
Quant à moi, « heureusement » j’étais fille unique ! Et mon père avait une façon bien à lui de me familiariser avec l’argent. Chaque semaine, avant de me donner mes 20 euros, il me demandait de lui présenter... un PowerPoint. Oui, un PowerPoint ! Je devais expliquer en détail ce que j’allais faire de cet argent, comment je comptais le dépenser, et surtout, ce que cela allait m’apporter. J’avais 12 ans !
Mais cette leçon, aussi inhabituelle qu’elle puisse paraître, m’a marquée. Mon père voulait m’apprendre que l’argent n’était pas une finalité. Ce n’est pas un objectif en soi, mais un moyen : un outil pour atteindre mes rêves et mes objectifs, qu’ils soient matériels ou liés à mon bien-être ! Une belle leçon que j’essaie de transmettre aujourd’hui à mes 3 filles.
Puis est venu le moment d’entrer sur le marché du travail. À 23 ans, je deviens entrepreneure et je co-créé Les Éclaireuses, et C’est qui la boss ? Deux médias qui mettent en lumières toutes les femmes. Très rapidement, le succès arrive, fédérant une communauté de plus de 8 millions de femmes en France et des partenariats avec des marques de renoms. Pourtant, malgré cette réussite apparente, je suis tombée dans un piège classique que rencontrent beaucoup de femmes entrepreneures – et qui s’applique aussi aux salariées : la question de la rémunération. Comme beaucoup, je n’osais pas valoriser mon travail à ma juste valeur, que ça soit pour moi ou pour facturer mes clients.
Je faisais ce que l’on appelle L’Under-Charging . En français : Sous-Facturer. Entrepreneures, indépendants ou freelances, nous avons tendance à dévaluer – parfois inconsciemment – la qualité de notre travail. Et quand vient le moment de fixer un prix ou de négocier un salaire, comment dire... On est en dessous du marché. Salariées, nous n’avons pas l’habitude de négocier et nous acceptons des salaires inférieurs.
Aujourd’hui, les femmes perçoivent toujours que 75 % du salaire de leur homologue masculin. Et selon le rapport de 2021 du Forum Économique mondial, il faudrait encore 132 ans pour réduire les inégalités de revenus entre les hommes et les femmes à l’échelle mondiale.
Mais ne vous inquiétez pas, même les plus grands talents de notre époque sont passés par là. Prenons l’exemple d’Oprah Winfrey : Elle a été élue icône pop du pays − devant Mickey Mouse ! − par le magazine Time. Elle est l’un des plus importants porte-parole pour les luttes contre le racisme et pour les droits des femmes. Et pour cause : les inégalités, elle connaît. Dans les années 1980, Oprah Winfrey co-présente l’émission People are Talking aux côtés de Richard Sher. Elle est payée 22 000 dollars par mois, et lui, 50 000. Un écart assez vertigineux pour un même poste, non ? Elle n’hésite pas à le faire remarquer, mais se fait aussitôt remballer. Un traumatisme qui a certainement nourrit sa niaque, puisque quelques années plus tard, elle fonde son propre empire : The Oprah Winfrey Show. Sa valeur ? 2,6 milliards de dollars.
Ou encore Jennifer Lawrence : On peut dire que cette guerrière dans l’âme n’a pas froid aux yeux. Aussi fonceuse et courageuse que Katniss Everdeen − son rôle dans Hunger Games −, Jennifer Lawrence n’hésite pas à se servir de son influence mondiale pour faire entendre sa voix. Dans la vraie vie, c’est sans arc ni fléchettes qu’elle se bat pour des causes qui lui tiennent à coeur. Les inégalités salariales en font partie. Dans sa Tribune « Pourquoi je gagne moins que mes collègues masculins ? » de la newsletter de Lena Dunham, elle y évoque ses sentiments face aux inégalités salariales, notamment à Hollywood dans le monde du cinéma.
Mais ce n’est pas tout ! Comme un mal n’arrive souvent jamais seul, nous sommes également atteintes d’« overdoing » : c’est à dire de fournir beaucoup plus de travail que nécessaire pour justifier notre prix. Ma relation avec l’argent a évolué à ce moment précis. Quand j’ai compris qu’il n’ai plus seulement un revenu. Il devient un symbole de notre estime de soi, de ce que nous croyons mériter et de notre confiance en nous. Alors revendiquer sa juste valeur, que ce soit dans un salaire, une rémunération ou une facturation, c’est un acte de respect envers soi-même.
Puis le dernier grand tournant, pour moi, est arrivé lorsque j’ai vendu mon groupe média il y a 2 ans. Vous pourriez penser que c’était une étape où tout était sous contrôle, où j’étais préparée. Mais en réalité, j’ai découvert à quel point je manquais d’éducation financière. Pendant 10 ans, j’avais fait tout de travers : je n’étais pas assurée correctement, je n’épargnais pas, je n’investissais pas... Résultat : des erreurs qui coûtent cher. Très cher.
Ce que j’ai appris de cette expérience, c’est que j’avais travailler pendant 10 ans pour faire de l’argent, au lieu de faire travailler l’argent pour moi ! C’est là toute la différence.
Un conseil, que l’on retrouve notamment dans un livre qui a changé pas ma vie mais surtout mon compte en banque : Père riche, Père pauvre, un best-seller vendu à plus de 40 millions d’exemplaires dans le monde. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, laissez-moi vous raconter la petite histoire de Robert Kiyosaki, l’auteur du livre, qui a eu deux modèles paternels dans son enfance : son père (le pauvre) et le père d’un ami (le riche)
« J’ai eu deux pères : l’un riche, et l’autre pauvre. L’un était très instruit et très intelligent [...] L’autre père n’a jamais terminé sa 8ème année [...]. Les deux hommes ont eu du succès dans leurs carrières, travaillant dur toute leur vie. Tous deux gagnaient des revenus substantiels. Et pourtant l’un d’eux a éprouvé des difficultés financières pendant toute son existence, l’autre est devenu l’un des hommes les plus riches d’Hawaï. »
Robert Kiyosaki s’est alors demandé quelle était la différence entre son père riche et son père pauvre. Le constat était sans appel : ils avaient tous deux une vision opposée de l’argent.
Son véritable père a appris à travailler au service de l’argent mais n’a jamais appris à mettre l’argent à son service. Il croyait en l’éducation formelle et pensait que le travail acharné était la clé du succès. Mais du coup, il n’a jamais vraiment réussi à s’élever financièrement. À l’inverse, le père riche a fait travailler l’argent pour lui et c’est là que réside toute la différence. Il croyait au pouvoir de l’éducation financière et pensait que l’investissement intelligent et l’acquisition d’actifs étaient le chemin vers la richesse. Ce n’est pas forcément gagner plus, mais savoir faire fructifier son argent. Il termine par : « L’éducation obligatoire amène un salaire, l’éducation personnelle amène la fortune. ».
Cette double éducation a alors montré à l’auteur qu’il est primordial de développer son intelligence financière, que la richesse est avant tout le résultat d’aptitudes, de compétences qui ne sont malheureusement pas apprises sur les bancs de l’école. Mais qui dit compétences, dit quelque chose qui s’apprend, qui se cultive, qui se nourrit EN SE FORMANT !
C’est là-dessus que j’aimerais clore cet article. Le meilleur investissement qui existe au monde : c’est d’investir en soi-même ! Il faut miser sur sa propre personne. Nous disposons toutes en nous d’un « capital » que l’on peut faire fructifier à condition d’investir régulièrement en lui.
L’éducation financière, en particulier pour les femmes, est un outil d’autonomie. C’est ce qui transforme l’argent d’un simple chiffre sur un compte en un véritable levier de liberté. Alors développons notre potentiel économique ! C’est tout le sens des initiatives comme celle de l’Institut AGIPI et « les femmes qui comptent » pour démocratiser l’éducation financ